Plus de 1300 Soudanais sont arrivés début 2018 à Agadez. Tous racontent la même histoire. En 2003, lorsque la guerre a éclaté au Darfour, ils ont été les témoins directs des horreurs de ce conflit civil. Ils ont ensuite passé près de dix ans dans les camps de déplacés avant de décider de partir en Libye. L’objectif assumé : gagner de l’argent pour l’envoyer à leur famille restée dans les camps. Pour bon nombre d’entre eux, il s’agissait aussi de tenter d’entrer en Europe. Mais en Libye, ils ont été arrêtés, torturés, vendus et forcés à travailler en tant qu’esclaves. Ils se sont échappés et ont rejoint le premier endroit qui leur paraissait sécurisé dans la région : Agadez.
L’État nigérien, pris au dépourvu, n’a pas encore décidé s’il allait accorder le statut de demandeur d’asile aux Soudanais. Ballotés d’une maison à l’autre, en transportant leur paillasse, ils attendent depuis six mois qu’une décision soit prise. Ils tuent le temps en lisant, en chattant sur Facebook ou en jouant aux cartes.
Depuis quelques semaines, lassés de cette immobilité, certains d’entre eux sont repartis en Libye. Ils veulent tenter leur chance une nouvelle fois pour essayer de rejoindre l’Europe. « Je n’ai pas peur de mourir », m’a dit Moudatheir, l’un d’entre eux. « Je te demande simplement de raconter mon histoire au monde » (Avril 2018).